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Le concept de francophonie ne voit le jour aux Territoires du Nord-Ouest qu’au début des années 80, sous l’impulsion de l’adoption, par le gouvernement du Canada, de la Loi constitutionnelle. Les joyeuses réunions d’expatriés franco-canadiens du Québec, du Nouveau-Brunswick, ou de l’Ontario, qui avaient cours auparavant autour d’une table de cuisine ou sur une plage de Yellowknife, tenaient davantage du club culturel que de l’association représentative.
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Tout change en effet avec l’avènement de la Charte canadienne des droits et libertés, et notamment ses articles 16, 20, et 23. Certains individus prennent alors conscience des droits qui leur sont conférés, et entreprennent une démarche d’affirmation identitaire. Au printemps 1984 le gouvernement du Canada, par son ministre des Affaires indiennes et du Nord, Jean Chrétien, dépose à la Chambre des communes le projet de loi C-26 qui rendra bilingues les Territoires du Nord-Ouest, mesure réparatrice de la discriminante Loi sur les langues officielles de 1969, qui exclut le Yukon et les TNO de son application. Le gouvernement des TNO s’oppose vigoureusement à son adoption, arguant de la présence à la fois historique et nettement majoritaire des différents groupes autochtones. Le gouvernement fédéral se rend à ses arguments, retire son projet de loi après la deuxième lecture, tandis que le GTNO adopte, le 28 juin 1984, une Loi sur les langues officielles qui en reconnaît huit, comme nous l’avons vu précédemment. Une entente est signée ce même jour entre les deux gouvernements : celui du territoire offrira des services en français à la condition que le gouvernement fédéral en assume les coûts (sans limites) et subventionne le développement communautaire des groupes autochtones.
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Durant les 15 années suivantes, 30 millions seront consacrés au français, et 53 millions aux groupes autochtones. En mars 1999 un Forum sur le français aux TNO, tenu sous l’égide de la FFT, démontre l’inexistence de services en français et conclut à la mauvaise foi des deux gouvernements. Un an plus tard, la Fédération franco-ténoise, L’Aquilon et cinq autres requérants poursuivent le gouvernement des TNO, car il n’applique pas sa propre loi sur les langues officielles, et le gouvernement du Canada qui n’a pas honoré ses obligations constitutionnelles à l’égard de la minorité franco-ténoise. Ils sont appuyés par le Commissariat fédéral aux langues officielles et l’Association franco-yukonnaise. Au début de l’année 2003, le recours judiciaire piétine encore, les avocats gouvernementaux usant habilement d’une panoplie de subterfuges juridiques pour repousser le moment de l’audition des faits et retarder le prononcé d’un jugement qu’ils craignent.
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Avec l’avènement en 1988, et sous l’impulsion de la Fédération franco-ténoise, le réseau associatif s’élargit, et englobe désormais, outre Yellowknife, l’île de Baffin (Iqaluit), le delta du Mackenzie (Inuvik), le sud du Grand Lac des Esclaves (Hay River et Fort Smith). Initialement, ces associations locales voient le jour dans un seul but : obtenir le signal de Radio-Canada. Peu à peu cependant, la dimension culturelle s’élargira et inclura dans les années 1990 le domaine de l’éducation.
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Une dure bataille s’engage en effet à Yellowknife en 1988 : les parents francophones exigent l’instauration d’un programme d’éducation en français langue première. Le gouvernement leur oppose le dynamisme du programme d’immersion, déjà en place. Les parents créent une association, et intentent un recours judiciaire avec l’appui de la FFT. Un programme est créé en juin 1989, et en septembre les neuf enfants inscrits s’entassent dans une classe située dans une école de langue anglaise. Quelques mois plus tard, des maisons portatives (louées par le gouvernement du Canada) sont mises à leur disposition. Étant toutefois composantes de l’école homogène, elles sont situées dans le terrain de stationnement de l’école Sissons. Il faudra attendre septembre 1999 pour que les 70 élèves de l’École Allain St-Cyr déménagent dans un bâtiment distinctif, inauguré au mois de février suivant. Le 13 mai 1999, le conseil scolaire (consultatif) dépose d’autre part une requête en création d’une commission scolaire francophone; elle sera effective le 6 novembre 2000.
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S’y joindra, à l’été 2001, le conseil scolaire de Hay River, dont le programme de francisation avait été instauré en septembre 1997 à la suite du Sommet sur l’éducation en français aux TNO., organisé par la Fédération en novembre 1996. Le programme d’éducation en langue première ouvre enfin ses portes un an plus tard. Une école homogène verra le jour en septembre 2001, à même une école de langue anglaise, mais déménagera en septembre 2002 dans quatre maisons portatives, celles-là mêmes qui abritèrent les élèves et enseignants de l’École Allain St-Cyr durant dix ans.
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Le 1er avril 1999, la partition des Territoires du Nord-Ouest ampute le réseau associatif de ses deux membres situés à Iqaluit, d’un tiers de sa communauté, et de 45 % des actifs de la FFT. Simultanément, celle-ci amorce le développement de la communauté d’Inuvik, située au-delà du cercle polaire, et jusque-là pratiquement isolée de la communauté concentrée autour du Grand lac des Esclaves. L’association locale naîtra (ou renaîtra) en avril 2000.
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La perception qu’entretiennent les autochtones de la communauté francophone se caractérise par la reconnaissance d’un statut de partenaire bienveillant, plutôt que d’un rival ou d’un oppresseur.
Trois exemples témoigneront de ce concept :
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les Dénés se nomment entre eux « Dènè wá » (real people) ; ils nomment les Blancs « Mola » (white people) ; mais ils qualifient les Franco-ténois de « Mola wá » (real white people) [dixit Fibbie Tatti, ancienne commissaire aux langues des TNO] ;
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les leaders autochtones rendent spontanément hommage aux Canadiens français pour avoir lutté depuis 240 ans contre les politiques de génocide culturel d’un gouvernement canadien contrôlé par une ethnie anglophone d’esprit orangiste, et n’hésitent pas à s’inspirer de leur courage et de leurs succès pour revendiquer à leur tour la préservation de leur culture;
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il fallait voir avec quel empressement et quelle joie les artistes autochtones ont répondu en 1999 à l’appel de la Fédération, qui les invitait à se joindre à Armand Vaillancourt et à Chris Ishoj pour créer en plein air une sculpture monumentale désormais baptisée « Carrefour culturel de Yellowknife », laquelle évoque leurs traditions et reflète de manière spectaculaire le partenariat harmonieux de nos cultures respectives dans le développement du Grand Nord.
Au bilan
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une culture associative solidement implantée dans les communautés franco-ténoises;
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une exceptionnelle crédibilité politique et administrative, dont témoigne l’harmonieux processus d’autogestion des ententes Canada-communauté et du Programme de développement communautaire et culturel;
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une fédération ayant pour mission de défendre les droits de la communauté et d’en promouvoir les intérêts;
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une œuvre de charité enregistrée : la Fondation franco-ténoise;
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trois sociétés (Boréal Consultants, Azimut Communications et Consortium DUNOR Co.) à vocation de développement;
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un hebdomadaire : L’Aquilon;
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une maison d’affaires située à Yellowknife et propriété de la FFT : la Maison Laurent-Leroux;
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deux associations culturelles (à Hay River et Yellowknife) ;
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une association locale de parents francophones à Yellowknife, l’Association des parents ayants droit;
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des programmations culturelles reflétant les attentes des Franco-ténois;
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une radio communautaire à Yellowknife, inaugurée le 14 septembre 2001 : CIVR Radio-Taïga, corporation d’envergure territoriale en devenir;
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une école homogène (École Allain St-Cyr) à Yellowknife;
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une autre école homogène (École Boréale) à Hay River;
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une commission scolaire territoriale;
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des programmes d'immersion française à Fort Smith, à Inuvik, et à Yellowknife;
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un comité de coordination jeunesse;
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une garderie à Yellowknife, La Garderie Plein Soleil;
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un Conseil de développement économique des TNO;
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un Réseau TNO Santé en français;
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un Collège Nordique Francophone;
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une liste impressionnante de partenaires politiques, économiques, ou culturels.